Il était une fois un bébé qui avait eu une enfance tout sauf normale. Pourquoi? Parce que sa mère a accouché sous X et l'a confiée à l'adoption. Pourquoi? Mais je sais pas, moi. Vous avez pas bientôt fini avec vos questions? Maintenant, silence radio. C'est moi qui raconte. Je disais donc : sa mère n'a pas voulu d'elle à la naissance. Peut-être était-ce le fruit d'une aventure extraconjugale, ou d'un flirt d'un soir. Peut-être était-elle vendeuse de charmes, avait-elle eu un "accident" et ne voulait pas s'en encombrer. Peut-être avait-elle trop d'enfants. Peut-être était-elle trop jeune pour assumer un enfant et espérait-elle que l'adoption offrirait plus de chances au bébé. Léna fit des hypothèses toute sa vie. Mais ce n'est pas ça le plus important. Sa mère l'avait, donc, placée à l'adoption et s'en était désintéressée.
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La petite orpheline resta jusqu'à ses deux ans au service de pédiatrie, puis vécut dans un foyer, et personne ne l'adopta. April, l’une de ses deux meilleures amies avaient une théorie à ce sujet :
- C’est normal : t’es rousse. Tu vois, moi, je suis blonde. Donc un peu stupide mais terriblement attachante. Ma sœur June, elle est brune. C’est-à-dire sérieuse, intelligente, mature et terre-à-terre. Oui, je sais, en vrai, c’est exactement le contraire, mais c’est comme ça que les gens réfléchissent. Toi, tu es rousse. Une pile électrique, casse-cou et intenable.
- J’avoue que t’as pas tort, je suis un peu comme ça…mais ils peuvent pas décréter que je le suis, sans me connaître, juste parce que je suis rousse !
- Ils ne peuvent pas, mais ils le font quand même, rétorqua June, qui avait suivi la fin de la conversation.
La semaine suivante, elles partaient à leur tour, chacune dans une maison différente, et Léna, à huit ans, se retrouvait seule, comme avant leur arrivée, quatre ans plus tôt. Bien sûr, elle avait d'autres amis _ elle se liait facilement _, mais elles allaient beaucoup lui manquer.
Au fils des ans, ses amies allaient et venaient, et elle avait appris à tourner la page lorsque quelqu'un partait. Elle n'était même plus triste. Elle vivait au jour le jour. Elle abandonna peu à peu l'idée de se faire adopter. Elle était désormais trop vieille. Elle n'aurait jamais de parents.
Elle se prit d'affection pour une fillette, également rousse _ même si elle ne croyait pas, contrairement à April, que les couleurs de cheveux aient un rapport _, qui s'appelait Natacha, et lui offrit tout l'amour qu'elle même n'avait pas reçu.
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Un jour, alors qu'elle avait quinze ans depuis peu, elle surprit Mad Max _ un garçon de seize ans, que tous craignaient et qu'ils avaient surnommé comme ça _ en train de racketter Natacha, sa Natacha.
Elle voulut s'interposer, mais elle n'avait eu le temps de rien faire que John, le type qui suivait Max partout comme un chien, levait la main sur l'enfant, dans le but évident de la frapper.
Brusquement, il se retrouva comme plaqué au mur. Il ne pouvait plus bouger. Sans bien savoir comment, Léna sentait que c'était elle qui avait fait ça.
Max se tourna vers son molosse auto-proclamé et lui demanda à quoi il jouait, puis, sans attendre de réponse, il fit face à l'enfant et réitéra sa menace. Brusquement, un pot de fleurs qui avait toujours été solide se détacha et tomba à quelques centimètres de sa tête. Un éclat de verre l'égratigna d'ailleurs. Il s'enfuit et John resta collé à son mur quelques minutes, puis récupéra sa liberté de mouvement.
Léna chancela alors, s'effondra et perdit connaissance. L'enfant se précipita vers elle. Quand à John, il s'enfuit dans la direction qu'avait prise Max.
Natacha alla prévenir l'infirmière, qui lui dit qu'elle s'occuperait de Léna et l'envoya chez la directrice, qui la cherchait. A son réveil, Léna demanda où était la fillette, et on lui répondit qu'elle avait été adoptée, mais que lorsqu'elle était venue lui dire au revoir, elle était encore inconsciente.
Le lendemain, Léna reçut une lettre. L'enveloppe était vierge. Elle l'ouvrit. Avant même qu'elle n'ait pu sortir le feuillet qui s'y trouvait, une étrange porte, semblant éclairée d'une lumière interne, apparut au milieu du dortoir où elle rêvassait. Intriguée, elle déplia la lettre.
- Citation :
- Mlle Léa Ebrill McLyne,
Bonjour. Si vous recevez cette lettre, c'est parce que vous êtes une personne différente des autres. Vous avez certaines facultés que les autres n'ont pas. Il existe un endroit, le Pensionnat Magique, où vous pourrez apprendre à les contrôler. Vous allez voir un portail, juste devant vous. Pour aller au Pensionnat Magique, prenez vos affaires et passez ce portail.
Avec nos cordiales salutations,
La direction de PM
Elle prit donc son sac _ ils avaient tous un sac, ça facilitait les choses le jour où on les adoptait, rassembla le strict minimum et passa le porte.