Le crâne sur le point d'exploser. Du silence.
Cette réalité s'imposait à Mahiro. L'altercation de l'autre jour, où son pouvoir s'était de nouveau manifesté, l'avait anéantie du point de vue physique. Moral, elle s'en remettait, plutôt bien même. La vérité, c'était que le Pensionnat était trop rempli. Trop de têtes pensantes y vivaient. Elle avait besoin de silence. Du calme. Comme on a besoin de respirer. Ou elle allait perdre la raison, si ce n'était déjà fait.
C'est en se baladant en ville que lui vint l'idée de l'ancien chemin de fer. Comme tout lieu abandonné, de nombreuses légendes d'esprits fantômes y étaient liées. Du fait de ces rumeurs, personne n'y allait jamais. Que rêver de mieux ? Mahiro ne croyait en rien à ces légendes urbaines, et au pire... Elle avait déjà survécu à un incendie et à un Psycho-en-Puissance. Alors, ces fantômes, elle leur riait au nez. Sauf qu'elle ne riait plus depuis quelques jours.
Mahiro sortit de la ville pour aller à la gare abandonnée. Cet endroit lui fit une drôle de sensation. Il lui était étrange de voir comment la nature reprenait ses droits sur les constructions de l'homme. L'ancienne gare tombait en ruines, l'endroit était envahi par les mauvaises herbes et entouré d'arbres morts. C'était lugubre, inquiétant mais étrangement réconfortant à la fois.
La jeune fille goûta au silence. Pour la première fois depuis ce qui lui semblait être une éternité, elle était seule avec elle-même. La délivrance. Un sourire se dessina sur son visage. Elle leva la tête vers le ciel. Le soleil arrivait presque à son zénith. Elle profita de la chaleur de ses rayons sur son visage, mais sa joie fut de courte durée. Elle eut comme un mauvais pressentiment, elle regarda autour d'elle. Et si les rumeurs n'étaient pas sans fondements ? Ce monde était magique après tout. Elle se reprit vite. Non, c'était juste l'ambiance qui lui donnait cette impression. Les gens d'ici étaient certes spéciaux, mais il ne pouvait y avoir d'esprit. Intérieurement elle se moqua d'elle-même. Tss ! Qu'elle était bête de se laisser si facilement impressionner ! Elle alla s'allonger dans l'herbe sèche et jaunie, rassurée, mais toujours un peu mal à l'aise. Elle se cala aussi confortablement que possible, le sol était dur, mais cela ne la dérangeait absolument pas.
Elle dormit quelques heures ainsi, et se réveilla en plein milieux de l'après-midi. Un bruit l'avait tirée de son sommeil, elle se redressa en sursaut, les yeux mi-clos. Sur ses pieds en un bond, elle prit son pistolet et le pointa vers la source du bruit. Des pas, qui faisaient craquer l'herbe. C'était ce son qui l'avait tirée de son sommeil. Ainsi, elle ressemblait presque à un esprit, avec ses cheveux blancs et bataille et ses yeux rouges. Mais ça, elle ne le savait pas. Tout ce qu'elle faisait c'était grommeler des injures, comme à son habitude. On ne pouvait jamais être tranquille, dans ce fichu monde.
Allez, Mahiro. On se reprend, et on va voir ce qu'il se passe. Bien que pas très rassurée, l'adolescente mit un pied devant elle, puis l'autre elle avança avec prudence, et tomba nez à nez avec une pensionnaire. Sur qui elle pointait toujours son flingue.

T'es qui, toi ?

"On ne se laisse pas impressionner. Et surtout, tu ne t'attaches pas à elle. Souviens-toi de la dernière fois." Elle se répétait cela en boucle dans sa tête. Elle ne voulait surtout pas répéter l'erreur qu'elle avait commise avec le schizo. Elle toisa l'inconnue, la regarda de ses yeux sévères.

[C'est court, désolée, désolée, désolée TT]

[On a pas la même définition du mot court je crois ^^' C'est quoi cette manie de s'excuser à chaque post sur ce fofo? xD C'est très bien comme RP ! C'est plutôt moi qui a tendance à blablater pour ne rien dire ><]

Après avoir fait un très bref tour dans sa nouvelle chambre pour y déposer sa valise, Lena ne s'y attarda pas, jugeant bon de sortir prendre l'air, hors de ce pensionnat. Après tous ces évènements - Jason, la découverte de son pouvoir, son entrée dans le pensionnat, sa rencontre avec Miyako - , du recul, c'était ce qu'il lui fallait. Car elle ne se reconnaissait plus. En l'espace de quelques jours, elle avait laissé ses émotions la dominer. Jamais, dans son ancienne vie, elle n'avait perdu le contrôle. Elle ne se serait jamais énervée aussi facilement. Elle n'aurait jamais rien ressenti du tout en fait. Pourquoi? Car elle n'avait jamais eu l'occasion d'en ressentir, des choses, voilà le pourquoi. Être élevée dans une famille très aisée, avec une éducation stricte et au carré : Ne jamais avoir pu rencontrer de gens, sortir, ou faire quoi que ce soit d'autre qu'une personne de son âge ferait; En y réfléchissant, c'était tout à fait normal qu'elle ai réagit de cette façon. Elle découvrait, tout simplement. Et la russe avait remarqué que, depuis la découverte de son pouvoir, elle ressentait les choses plus...intensément. C'était comme si les émotions, - les siennes ainsi que celles des autres - s'étaient décuplées. Et elle se rendait malheureusement compte qu'à partir de maintenant, elle devrait faire preuve de beaucoup plus de self control pour ne pas laisser ses émotions dicter sa vie, et influencer celles des autres.

Cela faisait plus d'une heure déjà qu'elle était sortie du pensionnat et qu'elle se baladait dans les rues de la ville. Pour la jeune fille, c'était une première. Elle n'était jamais sortie seule en ville, juste pour y prendre du plaisir, il y avait toujours eu un but pour ses sorties, et son emploi du temps avait toujours été planifié minutieusement. C'est pourquoi avoir tout ce temps de libre et cette liberté mettait Lena d'excellente humeur. Après toute la colère qu'elle venait de déverser sur sa colocataire de chambre le matin même, rien aurait pu la rendre plus calme et plus heureuse que de se sentir libre. Mais voilà, la jeune fille était tellement perdue dans ses pensées, qu'elle n'avait pas prêter attention à l'endroit où elle allait. Elle laissait son corps aller là où il avait envie. Et il avait apparemment envie d'aller très loin, dans un coin plutôt isolé du reste de la ville. Lena avait atterri devant un chemin de fer. Enfin, ancien chemin de fer. Il ne restait plus rien d'autres que des ruines désormais. De très anciennes rails faisaient toujours surface, mais aucun train n'y roulait depuis des années maintenant. L'endroit avait été laissé à l'abandon, et était complètement désert. Pas un chat n'osait y pénétrer. Il fallait avouer que cet endroit dégageait une atmosphère plutôt .. spéciale. Effrayante? Lena n'irait pas jusque là. Mais malgré qu'il n'y avait personne, on pouvait clairement y sentir une présence. Elle serait incapable d'expliquer ce que c'était, cependant. Il y avait là un mélange entre une tranquillité incroyable, que l'on a jamais l'occasion d'avoir en ville ou dans le pensionnat, et une atmosphère .. lourde, et pesante. La jeune fille observa autour d'elle, hésitante. Que faire? Elle n'allait pas rebrousser chemin maintenant. Elle regardait l'heure sur sa montre. Ce n'était que la fin d'après-midi, elle avait encore du temps devant elle. Et elle ne voulait certainement pas retourner au pensionnat maintenant, elle était de trop bonne humeur ici pour tout aller gâcher en partant. Qu'est-ce qu'elle risquait à y jeter un coup d'oeil, après tout? Ce n'était qu'une gare abandonnée, rien de plus. Et il fallait qu'elle se montre désormais plus courageuse que ce qu'elle n'avait été jusqu'ici.

Lena prit une grande inspiration, et se dirigea vers la gare abandonnée d'un pas lent. Il y avait beaucoup de mauvaises herbes qui avaient poussées. La gare était tellement en ruines que l'on se demandait comment les murs pouvaient encore tenir debout. Et, si l'on oubliait ce léger sentiment inconfortable, l'endroit avait plutôt son charme. Lena s'arrêta un moment et ferma les yeux, inspirant fortement. Ahhh, la nature ! Il n'y avait rien de mieux au monde que de sentir l'air frais pénétré dans son corps. De se sentir vivant.
Soudain, elle entendit des pas, puis une voix.

"T'es qui, toi?" disait-elle.

La russe rouvrit lentement les yeux pour pouvoir mettre un visage sur cette voix. Elle n'aurait pas pensé que quelqu'un serait dans un endroit comme celui-là. Une fille se tenait devant elle. Elle était plus jeune que Lena, et avait un look assez .. original. Cheveux blancs, yeux rouges... Lena n'en rencontrait pas à tous les coins de rues ! Etait-ce quelqu'un du pensionnat aussi? Elle en mettrait sa main à couper. Ses yeux se dirigèrent ensuite vers .... l'arme que la jeune fille tenait à la main, et qui était pointée dangereusement dans sa direction. Et bien, quelle politesse, pensa-t-elle ironiquement. Mais elle comprenait plus que bien pourquoi elle était aussi prudente, avec tous ces gens dotés de pouvoirs, certains dangereux, mieux valait assurer ses arrières. Et là, c'était à Lena de s'assurer des siennes. Heureusement, la jeune fille était de bonne humeur. Et c'était peut-être le moment idéal de tester son pouvoir, et de l'utiliser d'une bonne manière cette fois-ci. Elle sentait que la fille qui se tenait devant elle était méfiante. Pouvait-elle faire disparaître cette émotion? Lena regarda la fille dans les yeux avec calme, et se concentra. Elle essaya d'instaurer un sentiment de sécurité et de bonne humeur dans l'esprit de la jeune fille. Lena ne savait pas vraiment comment cela marchait, en fait. Elle n'avait pas de mode d'emploi particulier, elle y allait au feeling. C'était la première fois qu'elle utilisait son pouvoir volontairement, et qui plus est pour ne pas faire du mal aux autres. Elle était étonnée de voir que changer les émotions négatives en émotions positives se révélait beaucoup plus simple que de faire l'inverse. Elle attendit un instant, fixant toujours calmement la jeune fille, pour voir sa réaction. Elle ne répondit pas à sa question, d'une part car elle lui avait manquée de respect, mais aussi parce qu'elle avait jugé que cela serait mieux d'engager une conversation lorsque la jeune fille serait plus de bonne humeur, et moins méfiante. Elle entendait par là bien évidemment qu'elle attendait qu'elle baisse son arme. En attendant une réponse de sa part, la russe sourit aimablement, un petit sourire certes, mais il était sincère.

[C'est à dire que quand je vois mes posts comparés aux tiens, j'ai l'impression que c'est moi qui blablate pour rien dire et que j'ai pas le niveau pour suivre ^^' Désolée, je vais essayer de faire quelque chose pour cette mauvaise habitude de m'excuser. xD]

Mahiro dévisagea l'inconnue. Plus âgée qu'elle, elle sortait du lot par sa peau pâle et ses cheveux, très noirs, et très longs aussi. Surtout quand on les comparait à ceux de Mahi. Elle ne paraissait pas le moins du monde surprise par l'arme braquée sur elle, ce qui agaça fortement Mahiro. Au contraire, elle la regardait dans les yeux avec calme, et Mahiro soutenait ce regard, tout aussi calme mais beaucoup plus froide. L'instant parût s'étirer en longueur, surtout qu'aucune des deux ne bougeait, aucune ne parla non plus. Le silence était tendu, en tout cas la jeune fille le percevait ainsi.
Elle finit par se demander si cette inconnue n'était pas plutôt un esprit. Un de ceux qui étaient morts dans les accidents de trains qui faisaient que cette gare était abandonnée, revenue se venger de leur mort injuste sur les vivants. Comment expliquer cela autrement ? La jeune fille n'était pourtant pas du genre à croire aux fantômes. Déjà enfant, elle trouvait ces contes stupides. Mais ce monde était différent.
L'inconnue lui sourit alors, aimablement, un petit sourire cependant. Alors, sans que Mahi ne sache pourquoi, elle se dit qu'elle n'avait rien à craindre de cette fille. Et si la situation dégénérait, elle avait de quoi se défendre. Elle éclata de rire. Qu'elle avait été bête, de penser qu'elle avait pu être un fantôme ! Les fantôme ne vous sourient pas.

Désolée, elle abaissa son arme, je ne pensais pas trouver d'autres personnes ici.

Elle rangea le Cerberus à sa place habituelle, et se risqua à un sourire gêné. Elle ne savait pas tenir de résolutions. Elle s'était pourtant juré de ne plus faire confiance aux gens si facilement. Mais cette fille lui donnait une impression de sécurité, et sa présence lui semblait réconfortante. Elle était même presque d'humeur joyeuse. Cela lui fit froid dans le dos, elle ne comprenait pas comment elle avait passé d'une méfiance et d'une antipathie totale à cela. Elle aurait bien aimé que son pouvoir marche pour de bon, pour voir si c'était normal, et pour comprendre les intentions de cette étrangère. Pour voir son pouvoir aussi.
Elle jeta un regard d'excuse à la fille, avant de se rassoir dans l'herbe. Elle était gênée d'avoir réagit au quart de tour comme ça. Il fallait qu'elle fasse quelque chose, enfin voyons, c'n'était pas un psychopathe qui avait faillit la tuer qui allait avoir raison de sa bonne humeur !

Encore désolée... Je ne sais pas ce qui m'a pris...

Si tu le sais, ce qui t'as pris. Tu ne veux juste pas l'avouer, ni à toi-même, encore moins aux autres. Elle replia une de ses jambes contre elle, l'autre étendue, s'appuya sur un bras, l'autre, qui lui faisait encore mal sur certains mouvements, était replié sur la jambe pliée. [je sais pas si tu vois le truc... XD] Elle observa cette fille, qu'elle avait agressée sans connaitre ses réelles intentions. Cette fille qui, d'un sourire, l'avait détendue et lui avait inspiré confiance. Attendant une parole, un signe, un geste. Ou un lama qui vole dans le ciel.

[Je savais que t'allais aimer mon lama ! Tout le monde aime Lulu le Lama Volant ! \o/ Au passage, j'attends le roman sur le ptit dej de Lena, je me ferai un plaisir de lire ça :D]

Des excuses, encore des excuses. Et de la gêne. C'était tout ce que Mahiro était capable de produire pour le moment, visiblement. Elle sourit à son interlocutrice. "Lena Wolkoff" dit-elle, en lui tendant une main. Le sourire de l'adolescente s'élargit. On aurait dit une banane collée au milieu de son visage. *zpaff* Mahiro saisit cette main tendue vers elle.

Mahiro Mibu ! Enchantée !

Et elle l'était réellement. Enchantée, je veux dire. La stratégie de Lena avait fonctionné. Elle avait aisément compris que la jeune femme ne lui tenait pas rigueur de son comportement barbare et brutal, et cela renforça son euphorie. Grâce au pouvoir de la brune, elle redevenait celle qu'elle était réellement. Pas de faux-semblant, pas d'hostilité inutile. Juste l'envie de profiter des bons côtés de la vie.
Son interlocutrice s'était assise à côté d'elle. Mahiro se laissa observer par son regard qui la couvait, gentiment. Elle n'avait sûrement pas l'habitude de voir des énergumènes aux cheveux blancs et aux yeux rouges. Comme beaucoup de monde. Mais comme Kaoru, Matt et Tikky -penser à lui lui serra le coeur-, elle ne disait rien. C'était étrange comme ici, les gens acceptaient plus facilement les apparences différentes. Encore une fois, c'était sans doutes parce qu'ici, tous étaient différents.
Elle vit le regard de Lena s'attarder sur le holster et le Cerberus à sa jambe droite. Elle eut un sourire en coin.
Le silence, le calme environnant et le fait que Lena soit la seule personne présente fut sûrement la cause du fait qu'elle entendit ses pensées à ce sujet.
*Je ne savais pas que les armes étaient autorisées au pensionnat... Remarque, ce n'est pas plus dangereux que les pouvoirs de certains, donc je suppose qu'il ne doit pas y avoir de soucis avec.*
Mahiro avait l'impression que cette fille avait chuchoté ceci, alors ce fut tout naturellement qu'elle lui répondit :

Ben en fait, je sais pas si on peut en avoir... Mais je pense, j'en ai croisé plusieurs avec des sabres.

La soirée catastrophe s'imposa à son esprit.

De toutes manières ici, certaines personnes sont des armes à elles toutes seules, il faut bien que les autres puissent se défendre d'une manière ou d'une autre.

Ainsi que l'hésitation de la jeune femme à rester auprès d'elle. Elle sourit en coin.

Non non, tu me déranges pas. J'étais un peu perdue dans mes pensées en fait, et je m'étais endormie. T'entendre arriver m'a fait peur.

Mahiro regardait droit devant elle. Repenser aux évènements ne lui faisait plus autant d'effet, mais c'était toujours un sujet sensible. Elle se perdit dans ses pensées quelques instants, puis se reprit rapidement. L'adolescente observa son interlocutrice d'un oeil curieux.

Je ne t'avait jamais vue ici. Tu viens d'arriver, non ?

C'était un moyen comme un autre d'engager la conversation. Mahiro avait l'impression d'être la seule à parler, et se reprocha intérieurement ceci. La dernière fois qu'elle avait autant parlé... Non Mahiro, ne pense pas à ça, ça vaudra mieux. Je te jure. Ne te mine pas le moral maintenant, ce serait dommage. Pourtant une onde de tristesse l'envahit un peu. Mais elle garda les apparences. Quand même.